mercredi 10 février 2010

les naufragés du fol espoir

Je vais maintenant vous parler de mes racines.
Parlez-nous plutôt de la poésie contemporaine!
Pour un vrai artiste, tout est contemporain.


Deux garçons plus ou moins défoncés, dans le métro, disaient, plus ou moins en rimes, plus ou moins ça:
Garde tes rêves,
même s'il ne se sont pas réalisés,
c'est pas graaaave...
Et cela m'a fait penser tout de suite aux enfants.
Aux enfants qui s'émerveillent par les choses autour d'elles.
Mais ils s'émerveillent d'une telle manière que quand ce genre d'enfant court derrière un pigeon dans un parc, on voit dans ses yeux qu'il est capable de s'envoler dans le même élan de l'oiseau, s'il part.
Particulièrement, je n'ai pas l'impression d'avoir été un enfant comme ça, qui s'envole, mais plutôt qui se tient sur terre... ou qui dérive.
La preuve: mon jeu préféré quand j'étais petit s'appelait "naufrage".
Cela consistait à mettre une couverture par terre, sur la moquette bleu marine du salon, pendant que mes parents regardaient la télé, le soir.
Avec moi, sur cette couverture en laine, j'apportais quelques vêtements. Surtout des chemises qui je ne portais jamais dans la vraie vie. Là, la seule dont je me souviens clairement est une chemise dorée, dans un tissu satiné, très doux, qui était sûrement la pièce principale de mon jeu.
Alors, seul avec mon petit tas d'habits, je me tenais en silence, assis sur la couverture, pendant une bonne heure.
Dans ma tête, j'étais le seul survivant d'un naufrage, et j'attendais patiemment d'être retrouvé par quelqu'un dans le vaste océan de la moquette bleu marine. Mais rien ne se produisait... pas de tempête, même pas une vague pour me déranger dans mon attente.
Pour m'occuper, tout ce qui me restait dans ce paysage, étaient les vêtements. Je changeais régulièrement de chemise, pendant que personne ne venait me sauver. La bleue, la violette, la dorée... chaque bouton était fermé avec soin mais, pour plus que je me préparais, personne venait me chercher.
Personne a pensé que j'aurais pu survivre à un naufrage.
Et pourtant... j'attends.

2 commentaires:

Helô a dit…

c'est fou... je te comprends tellement bien... et tout d'un coup je me rends compte: moi aussi, j'attends (era uma vez uma princesa que esperava, afinal)...
merci.
je t'embrasse.

Unknown a dit…

lindo!